jainas: (concise writer)
jainas ([personal profile] jainas) wrote2008-11-22 10:13 pm

drabble Sandman / HP

En ce moment, je suis en train de lire The Sandman : Book Of Dreams, un recueil de nouvelles sur Sandman dirigé par Neil Gaiman, dans lequel une flopée d'écrivains se réapproprient l'univers de Sandman, sa mythologie, certains de ses personnages, pour tisser des histoires longues ou courtes, drôles, graves, parfois effrayantes.
Certaines pourraient être de bonnes fanfictions, d'autres sont tout simplement des nouvelles splendides et âpres qui se trouvent effleurer le domaine du Rêve ou d'un autre Eternel.



En outre, je disais l'autre jour sur un forum, à propos des cross-over :
Certaines séries se croisent déjà dans leur canon (Le Caméléon/Profiler, ainsi que pas mal d'autre que je n'ai plus en tête), et certains univers notamment comme ceux de Marvel ou de DC sont carrément des cross-over géants : Batman, Superman, Flash, la Justice League of America, Constantine, Sandman, The Watchmen même... Tous les personnages sont susceptibles de se croiser à un moment ou à un autre...
Après, bien sur que selon les univers un cross-over sera plus ou moins aisé... Dans un univers réel, envisager un cross-over
NCIS/ Les experts ou qui sait, pourquoi pas Dr House est du dommaine du crédible, il suffit d'envoyer les persos dans un autre état, une autre ville, et hop, cross-over. Il n'y a rien de tiré par les cheveux ou de choquant a trouver des fanfics cross-over sur ces fandoms.

Même avec des univers très particuliers c'est possible.
Le Disque monde avec ses instabilités structurelles de réalité, ses mages qui passent leur temps à faire des trous dans le multivers avec les expériences plus ou moins hasardeuses et sa Mort personnification anthropomorphique existant sur un autre plan est un des univers qui structurellement rend le croisement possible avec n'importe quel autre univers dans lequel la magie est présente. C'est extrêmement facile scénaristiquement parlant (et tentant aussi) de créer des "passages" permettant de circuler d'un fandom à l'autre parce que les affinités sont très fortes. J'ai lu quelques très bonnes fics le croisant avec de Bons Présages (en plus il y a un auteur en commun...), Harry Potter (un très bon texte avec La Mort et Severus en personnages principaux), etc...

Un autre très bon exemple d'univers qui supplie a deux genoux d'être utilisé en crossover est
Sandman, et là encore, c'est purement structurel et du à la nature des personnages principaux. Dream est un éternel, il existait avant les dieux, quelqu'ils soient, et n'importe qui rêvant appartient à son domaine. C'est un personnage qui n'a pas de limite, il peut veiller sur les rêves du Dr H. Lecter comme sur ceux de Voldemort, sur les songes torturés de River (Firefly), de Buffy ou de Jarod, sur les rêveries de Luna... Il en est de même avec tous les Eternels à vrai dire, tant leurs domaines sont vastes et surtout essentiels, ils transcendent n'importe quelle histoire. Trouver des points de contact n'est pas seulement facile, c'est parfois d'une évidence totale.
Sandman est une série fondamentalement cosmogonique, et par conséquent elle peut se marier avec n'importe quel univers si c'est bien fait.





Le résultat mathématique de ces deux éléments, c'est que j'ai écrit deux petits drabbles cross-over Sandman / Harry Potter. Qu'est ce que vous voulez, on ne se refait pas.

Dream : Récurrence
Fandom : Sandman, Harry Potter
Persos : Lucien, Voldemort
Longeur : 740
Dream : Récurrence

Ces temps-ci, il y a une nouvelle salle dans le pavillon de la récurrence.
Les murs sont nus, les décors et le mobilier stockés le long de l'entrée des figurants, et chaque nuit les servants du Rêve modifient la pièce pour la même scène mille et mille fois répétée. La trame du rêve est simple, et vraiment, ce qui demande le plus de travail c'est l'installation du chemin pavé entre les maisons victoriennes biscornues tellement plus grandes qu'elles en ont l'air, la mise en place minutieuse des enseignes animées, la décoration des devantures qui changent un peu pour chaque rêveur.
Un autre des décors récurrents est le château, à la fois familier et distordu, et même si le cauchemar n'est jamais exactement le même, il revient suffisamment souvent pour que l'immense panneau représentant le parc et le lac vu depuis les fenêtres soit entreposé à porté de main, dépliable et applicable à volonté.
Souvent aussi, le rêve se déroule dans un salon familier, ou une chambre, et comme Lucien aime à le dire, il n'y a rien de plus facile niveau décors. Il suffit de modifier un peu la forme de la salle, d'adapter le mobilier, remplacer une table par un vieux canapé en velours, caler dans un coin l'horloge détemporelle héritée de tante Irma ou du grand-oncle Untel et de plaquer sur les murs tentures, portraits ou photos mouvantes, ajouter les ombres presque vivantes, impossibles dans l'Eveil, qui noient la pièce. Parfois aussi il faut créer des couloirs sombres et sans fin, murés de portes closes contre lesquelles les dormeurs viendront se heurter rêve après rêve dans une fuite impuissante. Facile, vraiment. Le Rêve est infiniment malléable, et les décors de ce cauchemar particulier ne sont au final que des détails sans grande importance.
Il finit toujours de la même manière de toute façon.

Une fois le décor planté les rêveurs se succèdent, entrent en scène et vaquent à leurs activités banales dans les pièces de carton-pâte, accomplissant des gestes quotidiens dont ils ne se souviendront pas dans l'Eveil, flous et futiles face à l'ombre de la peur qui les laissera tremblants dans leurs lits, couverts de sueurs froides. Ils se figent, quand la peur de ce rêve prend forme dans leur dos.
Ce cauchemar particulier est tant rêvé ces temps-ci que la forme de la peur est presque figée, toujours la même silhouette blanche comme de l'os drapée d'ombres voraces et mouvantes, les yeux comme des flammes et le visage plus ou moins flou selon l'imagination du rêveur.
Il n'y a pas beaucoup de règles immuables dans le Rêve, pas beaucoup d'éléments de l'Eveil que l'on ne puisse plier et déconstruire, peu de lois physiques capables de restreindre le bourgeonnement des esprits. Mais dans cette salle du pavillon de la récurrence, les rêveurs découvrent nuit après nuit que leur baguette est inerte entre leurs doigts, qu'ils ne peuvent transplanter quand le Cauchemar se tient face à eux dans l'encadrement de la porte. Les quelques étincelles que certains d'entre eux parviennent à produire rebondissent sans dommage sur les replis de l'ombre, futiles, toujours, et tous les Alohomora du monde ne pourraient desceller les portes closes contre lesquelles ils butent encore et encore, jusqu'à la lumière verte.
Le cauchemar finit toujours de la même manière de toute façon.

Lucien hésite à prévenir le Maître que cette peur est en train de muter, de passer du rang de terreur nocturne à celui de Cauchemar, l'un de ceux tissés de choses hideuses, d'ombre et de mort, qui ont leur propre volonté, leur existence unique et autonome. L'un de ceux qui croissent comme un cancer et flétrissent les replis du Rêve dans lesquels ils se logent, l'un de ceux qui cannibalisent les songes moins puissants qu'eux, se nourrissent des cauchemars et en tirent leur force. Celui-là n'est pas le Corinthien, pas encore, mais il a le potentiel, et rêves après rêves le fixent, ancrent son esprit et sa volonté dans la trame changeante du domaine.
Mais le Seigneur du Rêve sait probablement déjà, et de toute façon il ne se mêle pas des affaires des mortels. Ces choses-là sont fugaces, et après-tout ce sont les dormeurs qui amènent leurs peurs dans le Rêve.
Voldemort n'est ni la première peur à prendre forme dans le Rêve, ni la dernière, et un jour ou l'autre peut-être la salle mouvante du pavillon de la récurrence accueillera de nouveaux figurants, de nouveaux rêves.
Il y a tout le temps du monde.

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Despair : Terre brûlée
Fandom : Sandman, Harry Potter
Persos : Despair, détraqueurs
Longeur : 315

Despair : Terre brûlée

Nulle part, dans aucun des mondes, il n'y a de créatures plus proches d'elle, plus semblables.
Ils sont tout ce qu'elle est, le froid au plus profond des os, l'absence totale de désir et de joie, extirpés par le croc de son anneau jusqu'à ce que toutes les couleurs aient disparu, délavées par le gris désertique de la poussière et l'immense vide intérieur. Ils ne sont même pas le désespoir le plus total, mais plutôt l'absence absolue d'espoir, d'horizon. Même pas un manque, juste un état de fait, immuable, à peine mêlé de quelque chose qui pourrait être du regret -ou peut-être même pas.
Ils sont ses enfants et parfois elle marche parmi eux, plantant son crochet dans les âmes affaiblies par leur présence, laissant derrière elle les corps pathétiques, prostrés et tremblants de ce vide abject, frissonnant sous le poids insupportable du Rien.

Despair n'est que vide, mais il n'en a pas toujours été ainsi. Avant, il y a longtemps, elle a été Désir, aspiration et envie, existence frémissante de vitalité, regards, vie intérieure complexe, envie, envie.
Les souvenirs d'Avant sont en elle encore, mais distants, abstraits comme des choses mortes et desséchées, blanchies comme de l'os, des coques d'escargots vides craquant et tombant en poussière sous les pas.
Ses enfants sont comme elle, plus vide que tout autre être, et c'est un soulagement de marcher en leur sein plutôt qu'au milieu des choses vivantes et vibrantes, pleines de ressenti et d'espoir qu'elle ne peut que faire dépérir.

Mais même eux, ses enfants, la chair de son esprit, sont différents.
Parfois leurs lèvres rejoignent celles d'un humain, et leur vide s'emplit alors pour un instant, ou peut-être toute la précieuse éternité que dure le baiser. Ils se nourrissent et s'emplissent, jusqu'à ce qu'ils aient vidé l'humain et qu'il ne reste plus que la coquille débile et percée, asséchée jusqu'à la moelle. Et pendant tout ce temps ils sont autres, à jamais différents d'elle.
Parce qu'elle est Despair, et que la béance en elle ne peut être comblée.


--

J'ai de vagues idées pour Delirium et peut-être Luna, ou Dumbledore, mais rien de concret pour l'instant. Et peut-être Desir pourrait-il/elle mettre son nez dans du Gellert/ Albus. Je ne sais pas trop.

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