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May. 20th, 2007 01:08 pm![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
De Sabreurs, de Sang et de l’Etrangeté de la vie.
fandom : Naruto
Genre : général
Rating : disons +13 pour divers éventrations et une bonne dose d'indiférence face au meurtre. C'est suceptible d'évoluer.
Disclaimer : Zabusa, Kisame, Suigetsu, le concept de Sabreur et le village de la brume ne m'appartiennent pas plus que l'univers Naruto. Kô et les cinq autres sabreurs si. :D
Note : c'est la suite directe de mon drabbles sur les sabreurs de la brume : http://www.fanfiction.net/s/2628286/12/ . Il vaut mieux l'avoir lu avant.
I Départ
.Ils n’avaient pas prévu de se revoir, après.
À vrai dire ils n’avaient pas prévu grand-chose, rien au-delà des gorges tranchées des jônins de garde à la tour du Mizukage.
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Lorsque Kô quitta finalement le village de la brume –son village à vrai dire, sauf qu’à présent ce n’était plus le cas, ne le serait jamais plus- les bâtiments administratifs et une partie du quartier marchand étaient en feu, et la fumée orangée dévorait le ciel nocturne, montant en tourbillonnant jusqu’à lécher les étoiles. Le sommet de la tour béait comme une blessure ouverte, murs éventrés, gravas encore dégoulinants de l’eau qui avait pulvérisé le haut du bâtiment, là ou s’étaient trouvés les quartiers du Kage.
En équilibre sur le faîte d’un toit elle essuya machinalement du revers de la main les gouttes de sang qui maculaient son visage. Elle avait été surprise par le dernier des anbu lancés après elle qui l’avait prise à revers et n’avait pas pu achever le chuunin sans se salir. En toute honnêteté l’attaque avait été intelligente et parfaitement minutée. Elle aurait même eu une chance de réussir si elle-même avait été n’importe qui d’autre que l’une des sept sabreurs… Elle avait modifié la trajectoire de son arme d’une torsion du poignet et avait pivoté sur un pied, entraînant sa lame vers elle dans le mouvement pour la dégager du cou du chuunin –provoquant le jet de sang artèrien et la chaleur du fluide sur sa peau- et s’était laissé glisser sur un genou dans la garde du ninja, avait réarmé son coup plus vite qu’il ne pouvait le suivre…
Elle utilisa le tissu de sa ceinture qui maintenait son yukata court pour essuyer le reste du sang. L’odeur âcre perturbait son odorat… Et elle n’était pas comme Sakatse qui semblait mettre un point d’honneur à être couvert du maximum de fluides vitaux de toute sorte et du plus d’abats possibles à la fin du combat…
Ils avaient perdu. À l’instant ou le Mizukage avait échappé au jutsu destructeur de Tsuishou et ou la Garde Grise s’était rassemblée ils avaient perdus. Individuellement tous auraient pu tenir tête au Kage, ou affronter deux, voir trois Gardes en même temps, mais apparemment le Mizukage avait prévu que les choses risquaient de déraper et avait rappelé la Garde au village dans le plus grand secret… Dommage. Elle aurait bien aimé avoir la satisfaction de savoir qu’au moins l’une de leurs épées avait fait intimement connaissance avec les entrailles du Troisième... Mais la mort de son- du Mizukage n’avait pas une priorité suffisante pour qu’elle se suicide en essayant seule de lui faire la peau à présent qu’il était en alerte et qu’il avait la Garde derrière lui.
Contrairement à d’autres, Kô n’avait que peu d’amour-propre et encore moins de pulsion sanguinaire.
En ce qui la concernait la démonstration était faite, et leur défection clairement explicitée et soulignée –de même que la stupidité sans nom de les avoir laissés se regrouper après la mission pseudo-suicide et l’embuscade ratée. Sa propre survie passait à présent largement avant le plaisir fugace de plonger Sans Nom dans la gorge de son ex-Kage. Ce n’était toutefois pas forcément le cas pour les autres, au moins Zabuza et Sakatse, Katsuko aussi, et peut-être même Tsuishou. Si l’un d’entre eux avait une ouverture il n’hésiterait certainement pas à la saisir, et elle souhaita mentalement bonne chance à celui d’entre eux qui s’y essaierait.
Ils ne se battaient pas ensemble, bien entendu. Ils ne faisaient pas équipe… Tout au plus coopéraient-ils ensemble, et s’abstenaient de se mettre dans les pattes l’un de l’autre au cours du combat. Pour d’autres yeux cela pouvait paraître peu. Pour eux c’était plus que suffisant.
Kô rengaina sa lame dans l’étui logé entre ses omoplates et jeta un coup d’œil à la ronde. Au loin une silhouette longiligne et agile qui ressemblait suspicieusement à celle de Saito bondit d’un toit à l’autre, si vite qu’elle eu du mal à le suivre. Puis il s’immobilisa un très court instant, ombre chinoise ramassée, découpée par la lueur de la fournaise, et une seconde silhouette le rejoignit avant de s’abattre aussitôt, puis une deuxième qui rencontra le même destin en deux gestes fluides.
Le ninja suivant était plus prudent, ou peut-être simplement meilleur. Il resta à distance, força Saito à quitter sa position d’attaque favorite pour éviter les armes qu’il lui lança –kunais, sembons, elle n’aurait su le dire à cette distance, mais à vrai dire cela d’avait aucune forme d’importance. Les deux ninjas se rencontrèrent sur un toit un peu plus élevé, et à la forme de la cape, à la manière de bouger de l’autre, en apparence décontracté mais pourtant tendu et assuré, elle devina un anbu, peut-être même un Garde. Quand deux autres silhouettes semblables apparurent sur la ligne des toits elle haussa vaguement les épaules et se détourna. Saito était probablement de taille à tenir tête à trois Gardes, même après le combat déchaîné du début de la nuit. Sinon, hé bien dommage pour lui. Il n’était pas un ami, à peine un équipier, mais il était l’un des Sept et sous bien des aspects ce titre était infiniment supérieur (et bien plus utile) que celui d’ami : c’était un frère d’arme.
Il ne l’avait été que pendant quatre ans –depuis qu’elle avait rejoint les rangs disjoints des Sabreurs en fait, mais elle avait toujours vaguement senti que c’était quelque chose d’important. Kisame lui avait dit quelque chose de similaire le tout premier jour, avec un sourire excessivement dentu qui l’avait passablement perturbée avant qu’elle ne réalise que sous son apparence effrayante c’était probablement le plus calme des Sept, en compétition directe avec le très renfermé Saito.
C’était un statut particulier, suffisant pour qu’elle s’attarde une seconde de plus que nécessaire pour contempler la scène au loin et souhaite mentalement bonne chance au ninja qui se battait devant les flammes, avec peut-être même une pointe de regret vite envolée. Aujourd’hui était la fin des Sept Sabreurs.
Elle se laissa glisser sur la pente aigue du toit, atterri comme un chat sur une gouttière et traversa en courant sur un câble tendu au dessus de la rue désertée. Des sept c’était elle la plus menue, la plus légère –la seule à pouvoir se permettre ce genre d’acrobatie sans décrocher les câbles-, et elle éprouvait toujours un plaisir ridiculement enfantin à cet exercice. Cela faisait sourire Kisame, ricanner Zabuza Tsuishou et Sakatse –qu’ils aillent se faire foutre, elle n’aurait probablement pas l’occasion de refaire ça avant longtemps.
Il y avait des cris non loin vers sa gauche, du côté du quartier en feu, et des civils faisaient la chaîne pour apaiser les flammes qui dévoraient les entrepôts et les habitations. Elle trouva très drôle le fait qu’au village même de la brume il n’y ait pas un seul ninja disponible pour éteindre le feu d’une malheureuse technique d’eau que tous les genins maîtrisaient.
Mais c’étaient sans doute normal, puisque tous les ninjas valides étaient occupés à se faire massacrer en essayant d’empêcher les Sabreurs de quitter le village, ce qui était d’autant plus ridicule que leur principale inquiétude aurait au contraire dû être qu’il restent dans le village… S’ils avaient eu le moindre bon sens ils auraient ouvert les portes, et leur auraient offert des paniers repas pour la route. Cela leur aurait très certainement épargné bien des soucis, des morts, et des dégâts architecturaux irrémédiables.
Dans la rue sous elle retentit un appel, et deux jônins passèrent en courant en direction de l’incendie. Le premier d’entre eux criait des informations dans un micro et le second articulait les premiers signes d’une technique d’eau.
Kô hésita à peine. Le message était peut-être déposé, mais le feu et la destruction en faisaient partie, et si elle n’avait pas spécialement envie de se battre encore elle n’allait pas non plus laisser des jônins crétins atténuer la trace que les Sabres laisseraient sur le village à leur départ. C’était comme une sorte d’étrange question d’honneur, la même fierté féroce et singulièrement placée qui les avait poussés en premier lieu à se dresser contre le Kage au lieu de disparaître simplement au plus sombre de la nuit.
D’un mouvement souple elle s’élança et atterrit en silence dans la rue, dans le dos des jônins qui ne l’avaient toujours pas sentie. Elle équilibra son atterrissage du bout des doigts et bondit en l’avant, dégainant Sans Nom dans le mouvement. Seulement alors le ninjas le plus proche se retourna, averti par le sixième sens qui était l’apanage de tout vrai guerrier. Il réagit avec une rapidité remarquable avant même d’avoir vraiment identifié l’adversaire, détournant la technique d’eau qu’il venait d’invoquer pour lutter contre le feu vers elle pour la ralentir. Dans une gerbe énorme un mur d’eau se dressa entre eux deux, jaillissant vers le ciel. Kô malaxa son chakra et arma sa lame, trancha d’un mouvement ample dans le mur d’eau. Derrière lui l’autre jônin avait fait volte face et abandonné son micro.
Lorsque le liquide s’ouvrit sous la lame, que celle-ci le traversa comme s’il n’y avait eu que de l’air, les yeux du jônin au visage tatoué s’écarquillèrent brièvement. Puis la lame gainée de chakra et de vent mordit dans le défaut de son épaule, et il hurla tandis que Sans Nom tranchait dans la veste épaisse, dans la chair en dessous, dans les os de la cage thoracique. Kô acheva le mouvement en lâchant d’une main la poignée et en dégainant la lame courte qu’elle gardait à la hanche pour ce genre de situation.
Le second ninja était un jônin au visage régulier et aux cheveux gris sombres qu’elle se souvenait avoir croisé au mess. Au lieu d’essayer de profiter de l’instant ou sa lame serait prise dans le corps de son premier adversaire pour l’attaquer, il eut l’intelligence de prendre le large, bondissant sur un toit pour se mettre hors de portée et couvrant son mouvement d’une pluie de sembons. Il avait correctement analysé l’attaque de Kô en ne se fiant pas à sa faiblesse physique apparente et en supposant que sa lame ne resterait pas prise une seule seconde dans le corps –pas avec l’aisance avec laquelle elle avait tranché eau et os. Elle profita de son élan pour achever le geste et ressortir Sans Non avec facilité au niveau de la hanche gauche du mort tandis que le sabre court déviait tous les sembons. Sans ralentir elle continua son mouvement vers le mur de la ruelle du côté où se trouvait le jônin, rengaina sa lame surnuméraire alors qu’elle prenait son appui contre la paroi, rebondit contre le mur opposé et prit pied sur le toit en chargeant droit sur l’homme.
Sous les doigts agiles de celui-ci les tuiles se dérobèrent sous des pieds, pulvérisées par un geyser d’eau noir qui se lança à sa poursuite.
Mais Kô avait déjà pris son appel, et son saut la porta sur le faîte aux pentes abruptes du toit suivant, où le ninja grisonnant venait de se réceptionner. Le dragon d’eau noire s'abattit à sa suite dans une gerbe qui broya la charpente et les tuiles, envoya voler la poutre faîtière rompue qui s’écrasa dans un autre toit avec un vacarme assourdissant.
Le jônin avait été suffisamment rapide pour échapper à la destruction provoquée par son propre jutsu, mais il perdit de vue la jeune fille une fraction de seconde – une fraction de seconde de trop.
Kô réapparu sur son flanc droit, lame armée et prête à frapper. Pour parvenir à esquiver ce coup là il aurait fallu être plus rapide qu’il ne l’était, plus rapide qu’elle et cela seul une poignée de personnes, peut-être quinze ou vingt pouvaient y prétendre parmi les ninjas des Cinq pays.
Il s’effondra sans un cri.
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Elle était de nouveau couverte de sang…
Kô essuya nerveusement son visage avec ses manches. Le sang en train de sécher était poisseux, collait ses courtes mèches et une fois sec il ne partirait que par petites plaques brunes qui resteraient prises dans ses sourcils et ses cheveux. C’était extrêmement désagréable.
Une fois de plus elle se demanda comment faisait Katsuko dont la tresse tombait dans le creux des reins, et se dit qu’étant tout à fait chauve, Sakatse disposait finalement d’un avantage fort considérable, surtout si on considérait sa propension probablement peu saine à s’enduire du sang de ses ennemis.
En parlant du loup… De l’autre côté du village, dans le quartier nord, il y eut une explosion énorme qui l’aveugla une fraction de seconde, et tout de suite après flamboya la flamme vorace de son chakra qui enflait. Il venait visiblement d’ouvrir une porte supplémentaire. Se pouvait-il qu’il soit en train de battre contre le Kage ?
Kô grimpa jusqu’en haut d’un toit à peu près intact et s’installa en tailleur, le temps de nettoyer consciencieusement la lame de Sans Nom qui en plus du sang avait reçu une quantité non négligeable d’eau et de boue. Il faudrait qu’elle se procure de l’huile après avoir quitté le village, elle avait oublié la sienne dans sa chambre.
Elle envisagea un instant de repasser la prendre, puis chassa l’idée. Elle ne ferait qu’apporter plus de problème que son départ n’en provoquerait déjà à ses parents adoptifs si elle retournait là-bas. Ils avaient toujours été bons avec elle, et si elle n’y retournait pas ils pourraient prétendre qu’ils ignoraient que leur kunoichi adoptive de quinze ans avait décidé de déserter et d’emporter au passage le plus possible de ninjas du village avec elle –ce qui était d’ailleurs le cas, ils n’avaient rien su. Mais ce serait plus facile pour eux de le faire admettre si elle ne repassait pas prendre sa brosse à dents entre deux massacres –parce qu’à la réflexion elle avait aussi oublié sa brosse à dents.
Une nouvelle explosion couvrit les cris et les appels qui zébraient la nuit, et le toit sur lequel Saito s’était trouvé une dizaine de minutes plus tôt était à présent désert –mais toujours debout. Elle se demanda si elle devait aller vérifier, ou peut-être voir si sa lame pouvait être utile du côté du combat de Sakatse –il y eut une nouvelle explosion, moins forte, mais malgré tout d’une intensité que Tsuishou n’aurait pas reniée-, mais l’arrivée des anbu et des Gardes lui épargna le choix.
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Cinq anbus et trois Gardes plus tard, l’avant-bras de Kô n’avait toujours pas cessé de saigner, et son flanc lui faisait un mal de chien, là ou l’un des Gardes l’avait touché de plein fouet d’une technique de terre dont la force l’avait envoyée heurter de plein fouet un mur dix mètres plus loin. La réputation (certes extrêmement discrète) de la Garde n’était décidément pas usurpée.
Le drain de chakra commençait à se faire sentir –cela faisait combien, trois heures, plus ?- mais l’adrénaline la tiendrait debout pendant encore un bon moment. Aussi longtemps que nécessaire.
Elle laissa une partie des notes explosives qu’elle avait récupérées sur le corps d’un des anbu le long des poutres porteuses de quelques toits et stocka les autres dans sa poche d’arme pour usage ultérieur.
Un coup d’œil à la ronde l’assura que le quartier où elle se trouvait à présent était désert. Elle sentait bien les civils terrés à l’abri de leurs murs de carton-pâte, priant pour que le combat les épargne. C’était l’un des quartiers pauvres et excentrés du village, le dernier que les anbus étaient susceptibles de protéger. Et puis les combats dans le centre avaient drainés les combats non assigné à poste… Si elle se faisait discrète elle devrait pouvoir prendre le large en paix.
En silence elle se laissa glisser jusqu’au sol et atterri avec une grimace de douleur. Elle avait probablement une côte ou deux de fêlées dans le meilleur des cas. Après un nouveau regard circonspect à la ronde elle récupéra son sac à dos dans le tonneau dans lequel elle l’avait laissé avant d’aller se battre, et profita de l’occasion pour prendre quelques rapides gorgées à la fontaine qui coulait à l’angle du mur.
Il était temps de partir.
Un frôlement discret et une intuition furent ses seuls avertissements.
« Ha… Zabuza-san ? »
Le ninja au visage bandé quitta l’ombre de la ruelle où il se trouvait avec un signe de tête si léger qu’il aurait tout aussi bien pu être invisible. Du sang probablement encore chaud maculait son torse nu, et ses gardes d’avant-bras étaient intégralement noires de sang. Les éclaboussures sombres enduisaient ses bras presque jusqu’aux épaules.
La lueur dans son regard avertit Kô qu’il était encore profondément immergé en mode “massacre”, et que pour son propre bien il valait mieux qu’elle évite tout geste un peu brusque. En situation de combat comme celle-ci le corps réagissait d’instinct, avant même que l’esprit ait analysé la situation. C’était risqué lorsqu’on se trouvait a proximité d’un ninja normal, et virtuellement mortel lorsqu’il s’agissait d’un sabreur – si l’on en était pas un soi-même.
Il dû lire quelque chose en elle, car il ne s’approcha pas non plus.
« Kô. »
« Belle nuit n’est-ce pas ? » Belle nuit pour tuer. Belle nuit pour partir. Le ciel ne contenait que les étoiles cristallines à perte de vue. « Dis, c’est normal que tu sois suivi ? »
Quelque chose comme un agacement amusé transparu un instant dans la posture de l’autre sabreur, avant qu’il ne rengaine sa lame gigantesque dans son dos avec un soupire.
« Encore ? Sale gosse... Suigetsu ? Sors de là. » Après un instant d’attente infructueuse il ajouta. « Sinon je t’arrache un bras. Tu ne pourras plus manier d’épée. »
Une touffe de cheveux bleus fit son apparition par-dessus le rebord d’une gouttière, et un gamin maigrelet se laissa tomber dans la rue à une dizaine de mètres des deux ninjas, une expression d’entêtement farouche peinte sur son visage rond. Une épée presque aussi grande que lui était sanglée dans son dos. Il grimaça, dévoilant une dentition qui n’avait rien à envier à celle de Kisame.
« Zabuza-sempaï ! Laissez-moi venir avec vous ! Je veux devenir un sabreur de la brume !»
Kô rit doucement.
« C’est un choix de carrière quelque peu compromis par les temps qui courent, tu ne trouve pas Sui ? »
Zabuza leva les yeux au ciel tandis que Suigetsu tirait la langue à Kô.
« T’es chiant gamin. Il faut que je te le dise comment ? Va te faire voir, je prends pas d’élèves. »
« Je ne vous ralentirais pas Zabuza-sempaï ! Vous savez que je sais me battre ! »
Kô observa Suigetsu plaider sa cause avec sa fougue –et son inefficacité- habituelles. À dix ans le gamin était déjà un combattant redoutable et il commençait même à se faire un nom. Il n’était pas tout à fait aussi doué qu’elle a son âge, mais presque. Il avait aussi un cas d’idolâtrie assez sévère pour les sabreurs en général, et Zabuza en particulier. Cela faisait beaucoup rire les six autres de voir Zabuza assiégé par son fan, d’autant plus que Suigetsu était loin d’être manchot avec une lame.
« J’ai pas peur de déserter, j’ai tué trois chuunins qui voulaient m’empêcher de passer ce soir ! »
« Estime toi heureux s’ils les mettent sur notre compte. Sinon tu seras exécuté pour trahison, et tu l’auras bien cherché. »
« Aller, sempaï ! »
Zabuza soupira de nouveau, mais cette fois Kô pouvait lire dans sa posture que Suigetsu était arrivé à bout de sa courte patience.
« Bon, ça suffit maintenant, tu me fais chier. »
Et avant que le garçon ne puisse dégainer sa lame pour parer, Zabuza était à ses côtés, et le plat de son sabre rencontra durement l’arrière de la tête du gamin. Celui-ci s’effondra dans la boue sans un mot.
« T’y es allé fort avec le gosse, » murmura Kô en haussant les sourcils.
« Je vois pas pourquoi tu l’appelles comme ça alors que tu as à peine cinq ans de plus, petite Kô, » sourit Zabuza en retour, un sourire qu’elle devinait mordant sous ses bandages. « Et si je ne l’avais pas mis KO il aurait été capable de me suivre, ce chieur… »
« Ha… C’est sûr que ce n’est pas pour rien qu’ils disent qu’il pourrait bien devenir un second Zabuza… »
« Ils quoi ? J’ai jamais rien entendu de plus débile, » marmonna le ninja sans un regard pour la silhouette au sol. « Bon, c’est pas tout ça, mais il va être temps de se tirer d’ici. »
Et sans plus de manière il resangla son arme sur son dos, et prit pied sur la toiture la plus proche. Là il se retourna brièvement.
« Tâche de ne pas te faire tuer petite Kô, » Il leva une main, dans ce qui était presque un salut. « On se retrouvera en enfer. »
Et sur ces mots il disparu au dessus des toits.
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Elle évita trois chuunins agités qui passèrent à une poignée de mètres d’elle sans la sentir, et parvint sans encombre jusqu’aux murailles. Les explosions avaient cessé une demi-heure plus tôt, mais dans l’air saturé de chakra on pouvait encore percevoir de temps à autre une poussée d’énergie, signe que les combats n’étaient pas tous terminés.
Elle se tint sur le rempart et contempla ce qui avait été son foyer pendant quinze ans, le village pour lequel elle avait tué depuis qu’elle avait neuf ans. Elle s’était demandé abstraitement ce qu’elle ressentirait le moment venu, lorsqu’il faudrait se détourner et que les adieux seraient définitifs.
Étrangement elle découvrit qu’elle ne ressentait pas grand-chose, un vague regret peut-être, un pincement au cœur, mais il était plus pour les Sept qui avaient été sa véritable appartenance et sa seule identité depuis quatre ans. Elle avait ressenti une fierté immense lorsqu’elle avait intégré les Sabres, la Mort de la brume. Ils avaient été bien différents de ce qu’elle avait imaginé, parfois hâbleurs et bagarreurs, parfois cruels et pourtant étrangement proches. Frères d’arme.
Elle découvrit ce que leur féroce indépendance à tous lui avait caché jusque-là : ils allaient lui manquer, d’une étrange façon, comme une perte qui n’en était pas vraiment une, la perte de quelque chose qu’elle n’avait jamais vraiment possédé.
À présent elle était seule. Elle était libre. Et elle n’avait aucune idée de ce qu’elle allait faire.
Elle accueillit la révélation avec une surprise atténuée, l’examina un instant puis la mit de côté, loin sous la surface, là ou le regret et l’ivresse du possible se mêlait de manière curieuse.
Elle contempla une dernière fois le village couronné de fumée et de lumière jaune. Elle ne savait pas ce que les autres avaient prévu de faire après, elle ignorait même s’ils étaient tous encore vivants.
Avec un haussement d’épaule et un dernier regard elle se détourna et quitta la brume, marchant dans le brouillard montant qui effaçait les formes.
L’aube n’était plus loin, et bientôt les Chasseurs de Déserteurs seraient lancés à leur poursuite. Elle avala une pilule du soldat, prit le temps de bander sommairement son bras qui saignait toujours.
Il était plus que temps d’y aller. Le plus facile était fait, restait la part difficile : rester en vie.
Au-delà de cela, rien n’était prévu
Voilà. J'avais vaguement envi de mettre Suigestu, et quand j'ai lu les chapitres récents de Naruto, je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas le mettre. Il y aura sans doute d'autres caméo de personnages connus du manga, mais l'histoire va suivre essentiellement Kô.